On the road
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Life is a bitch.

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Zéphyr O. Mitchell
Zéphyr O. Mitchell




Messages : 169
Date d'inscription : 04/03/2010

Et sinon ?
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Life is a bitch. Vide
MessageSujet: Life is a bitch. Life is a bitch. EmptyLun 5 Avr - 3:32

    Je posai délicatement le livre sur le bord marmoréen de la baignoire. Les glaçons s’entrechoquaient, créant une douce mélodie alors que mon corps s’ankylosait de façon lente et douloureuse. Ma chemise blanche s’imbibait d’eau saumâtre, remontant dans le tissu jusqu’au niveau du cœur. Un calme olympien, uniquement troublé par les notes de Mahler, régnait dans la totalité de la villa, m’assurant la réussite de mes actes. Quartet for Piano and Strings in A Minor. Le nom me revint alors que je fermais les yeux, à la recherche d’un unique souvenir qui pourrait me rattacher à la raison. Beaucoup de gens nourrissent une croyance puérile selon laquelle à l’article de la mort on parviendrait à revoir de façon elliptique notre vie. Ceux qui se veulent les plus « branchés et décontractés » parlent alors d’un Best Of de leur vie offert par Dieu. Je n’ai jamais considéré la chose comme offerte par une entité supérieure et invisible à tout homme vivant de façon saine. Ceux qui en ont la force sont capables de s’offrir une introspection en quelques fractions secondes pour une dernière torture rédemptrice. Les plus faibles accordent la fuite vers la folie à leur esprit, unique échappatoire face à une fin imminente de toute existence. La dépression s’acharne sur certains comme un chien sur un os pour en atteindre la moelle. Pour beaucoup leurs raisons n’étaient ni mauvaises ni bonnes ; pour ma part c’était l’aboutissement d’une réflexion longuement menée. Il y eut un instant de silence dérangé par le grésillement à vide du phonographe avant qu’une harmonie de cordes et de piano ne s’élève de nouveau. Je rejetai doucement la tête en arrière, le regard glaçant porté sur le plafond alors que je sentais les doigts de ma main dans l’eau s’engourdir de façon indéniable. Le sang quittait les extrémités pour refluer vers un cœur dont le rythme s’affaiblissait comme un enfant qui s’endort. Je repris le livre pour continuer ma lecture, bien que mes pensées ne se faisaient plus aussi claires que je ne l’entendais.
    « Il fallait que ces chevaux fussent des genets d'Espagne, nés de juments fécondées par le zéphyr ; car ils allaient aussi vite que le vent, et la lune, qui s'était levée à notre départ pour nous éclairer, roulait dans le ciel comme une roue détachée de son char ; nous la voyions à notre droite sauter d'arbre en arbre et s'essouffler pour courir après nous. Nous arrivâmes bientôt dans une plaine où, auprès d'un bouquet d'arbres, nous attendait une voiture attelée de quatre vigoureuses bêtes ; nous y montâmes, et les postillons leur firent prendre un galop insensé. »
    Ma mère a toujours été une grande littéraire, aussi luxueuse et superficielle soit sa vie. Elle a dévoré durant des années tous types de livres et tous les auteurs ont pu y passer. Shakespeare, Edgar Allan Poe, Flaubert, Huxley, Atwood, Bradbury, Orwell, Voltaire, et tant d’autres ; et surtout Théophile Gauthier. Maître du mouvement romantique, ma mère l’idolâtrait plus que quiconque et ne se lassait jamais de parcourir encore et encore les mêmes livres. Son attachement pour cet écrivain fut scellé à jamais le jour de ma naissance lorsqu’elle décida de nommé Zéphyr. Le Zéphyr est un vent dit du Nord-Ouest mais dans la mythologie grecque il fait savoir qu’il s’agissait d’un dieu au même titre qu’Eole, qui avait donné naissance à des chevaux immortels. La référence due séduire ma génitrice qui se décida à me nommer selon un vent froid dit « obscur ». Les mères sont-elles des sages capables de contempler l’avenir d’un œil morne ? Qui sait donc, autre qu’elles.
    Le livre m’échappa et tomba au sol, produisant un bruit qui me parut si lointain. Je ne ressentais plus la morsure du froid, et ne parvenait plus à entendre le cliquètement des glaçons. Plus rien ne m’atteignait réellement, comme si je devenais progressivement spectateur de la scène et non plus acteur. Mes yeux se fermèrent d’eux-mêmes alors que je ne ressentais pas une once de peur quant à la suite des évènements. Bandons les plaies du passé.

    Zéphyr Aaron Masfield, né le 11 mars 1984 à Londres, capitale de l’Angleterre. Fils unique, issue d’une famille aristocratique de la Grande Bretagne. Ma mère n’a jamais eu de travail aussi loin que remontent mes souvenirs mais ce n’est pas pour autant qu’elle s’est occupée de moi comme le ferait toute mère normale. Elle, elle a relégué son travail à une nourrice, jugeant que j’étais une charge pour elle, une entrave à sa jeunesse qui se mourrait. Quant à mon paternel, il était réputé pour être un brillant patron d’aéronautique, le genre de mec qui détient toute une batterie de brevets d’inventions sans qu’on ne le voie une seule fois avec un outil à la main. Le genre de type qui chronomètre le temps que passent ses employés à la machine à café mais qui quitte son travail aux environs de quinze heure trente pour rejoindre sa maîtresse. Oui, il avait une maîtresse. Un soir, alors que je rentrais à pied d’un cours de violent, j’ai aperçu une voiture qui n’était pas notre garée dans l’allée. Je suis rentré discrètement dans l’intention de courir me terrer sous mon lit, craignant les accès de violence de mon paternel si jamais il apprenait que j’avais découvert le pot-aux-roses. A peine avais-je posé le pied sur la première marche de l’escalier colonial que le bruit d’escarpins me pétrifia. Une femme brune, aux jambes élancées et délicieusement découvertes apparue au bout du couloir, balançant ses hanches de façon provocante. Je n’eus que le temps de détaler aussi vite que me le permettaient mes jambes pour m’aplatir sur le palier et guetter la scène vue du dessus. Elle avait des lèvres finement ourlées, un regard espiègle et une poitrine opulente. Rien en elle n’amenait à penser qu’elle pouvait être la collègue de séminaire de mon père. Je gagnai rapidement ma chambre comme je l’avais envisagé premièrement sans me faire remarqué mais je dus passer plus d’une heure figé sous mon sommier, respirant aussi faiblement que mon organisme me le permettait alors que Mr. Masfield me faisait profiter inconsciemment de ses ébats avec cette femme. Les deux nuits suivantes je dormis à même le sol dans ma chambre, générant des doutes sur ma santé mentale.
    Je n’ai jamais été l’enfant parfait, aux cheveux plaqués en arrière sur le crâne, le polo par-dessus la chemise rentré dans le pantalon taillé sur mesure et je crois que c’est tout ce qui fit la déception de ma mère. J’ai la certitude qu’elle aurait souhaité pouvoir m’exhiber comme on vante son dernier coupé cabriolet ou bien elle aurait souhaité pouvoir m’afficher à son bras à chaque de ses réunions à la façon dont on garde un yorkshire bien toiletté dans ses bras en signe de préciosité et perfectionnisme. Mon père n’a jamais aimé les yorkshires au plus grand désespoir de ma génitrice qui se retrouva démunie. Pas de fils idéal, pas de yorkshire. Il préféra deux collets à poils longs coquille d’œuf. Certes c’étaient des chiens fiers et ils faisaient office de magnifiques décors dans l’immense pelouse de la propriété mais ce n’était pas des bêtes que l’on pouvait garder sous le bras le temps d’une réunion entre bourgeoises.
    Je vaquais toujours à des occupations plus distraites. Je ne lisais pas Socrate mais pouvait rester des heures le front appuyé contre la vitre de la chambre à observer le monde extérieur. Mon esprit se mettait alors à vagabonder et mon imagination s’emballait à bride abattue. Je n’avais pas d’amis dans le quartier et dans la cours de l’école je me promenais, livre serré contre le cœur et souvent le nez en l’air, plongé dans la contemplation du ciel ou de la cime des arbres. J’étais la douceur même, pour la plus grande satisfaction de mes enseignantes mais aussi le plus grand rêveur. Au seuil de l’adolescence tout glissa lentement, à l’instar de mon père qui s’enfonçait dans ses vices. Les verres de Whiskey devenaient un rituel et sa libido ainsi que sa brutalité semblaient s’accroître avec l’âge. Il collectionnait les maîtresses, et moi les gifles. Je fis la rencontre d’une fille qui renversa ma vie par la suite, inversant son cours. Elle fut tout d’abord mon amoureuse. Plus téméraire que moi elle m’éperonna vers des sentiers obscurs, me forçant à faire des choses que je n’aurais pas osées auparavant. Tout commença par sortir de ma chambre la nuit pour faire le mur avec elle. On restait innocemment des heures assis sur le trottoir en face de chez elle, discutant comme deux gosses. Tout continua jusqu’à ce que j’atteigne l’âge honorable de seize ans. Un soir comme un autre, durant un été, nous sortîmes à l’insu de nos parents. Le ciel s’embrasait de couleurs chaudes tendit qu’une légère brise agitait nos cheveux. Nous sommes tout d’abord allé au cinéma voir un film dont nous en loupâmes la moitié. Et pour cause, nous étions trop occupés à flirter comme deux débutants, nous embrassant timidement par jeux, coulant de temps à autre un regard amoureux à l’autre. A la sortie de la séance nous sommes passées à travers Hyde Park qui semblait moins accueillant une fois la nuit tombée. Ici et là le bout des cigarettes rougeoyaient alors que des rires gras s’élevaient dans l’obscurité, me glaçant le sang. Ce qui devait arriver arriva. Des types nous tombèrent dessus. Une bande dont le chef était Teddy Woodshire, 21 ans, drogué et névrosé depuis toujours. J’avais toujours fais de mon mieux pour l’esquiver, sachant parfaitement que son père se trouvait au chômage par la faute du mieux. Teddy était un garçon grand, donc le regard semblait dénué d’intelligence mais noyé sempiternellement de haine. Il aboya et ricana avec les autres face à notre terreur à Helen et moi sans que je ne parvienne à saisir un seul mot. Aujourd’hui ce souvenir noir semble altéré et les images, autrefois nettes et tranchantes comme un couteau, sont devenues obscures à certaines régions. Il m’accusa de diverses choses que je ne saisissais pas et une fureur étrange gagna la bande qui se mit à nous malmener en nous bousculant comme on joue au ping-pong avec des êtres humains.

    Deux horribles longues heures plus tard je rentrais chez moi, désorienté, souillé de sang. Le regard hagard je ne savais plus où aller alors qu’une pluie estivale rinçait la ville. L’air vagabond j’étais comme mort à l’intérieur. Ma chemise déchirée offrait une vue sur mon corps chétif, et mes mains n’étaient plus d’un mélange de boue, de sang séché et d’égratignures encore sanguinolentes. Les larmes baignaient mon visage alors qu’un épais filet carmin coulait de ma tempe, déviant dangereusement jusqu’au coin de mon œil pour mourir à la commissure de mes lèvres. Ce fut une patrouille de police qui me ramassa dans la direction opposée de ma maison alors que j’étais pourtant certain d’y retourner. Mon état critique avait alerté les représentants de l’Ordre qui avaient tenté de me soutirer une information mais je n’étais plus avec eux. Le regard vide, la gorge sèche, je ne répondais plus de rien, amorphe. Au centre de police je fus séché et soigné mais aucun mot ne sortit de ma bouche. Mes parents furent appelés et dès lors où ma mère arriva, la voix chargée d’inquiétude, quelque chose se brisa en moi. Quelque chose de terriblement fragile qui avait su résister à la violence des coups de Woodshire mais pas au retour à la réalité.
    Helen.
    J’étais tombé à genoux. Les vannes étaient ouvertes. Un long cri de douleur m’échappa, suivit d’une crise de sanglots qui agitèrent mes épaules jusqu’à épuisement et les murmures de ma mère n’y firent rien. La douleur me déchirait, me réduisant en pièce avec ses longs crocs acérés. Elle m’inocula son poison, me rendant malade. Malade de chagrin. Je passai la nuit, la tête appuyé contre le mur des toilettes, nauséeux.
    Helen.
    Le rapport de police parut le lendemain et partout fut affiché la photo d’une jeune fille battue à mort. Les détails les plus sordides étaient étalés dans la presse et l’explosion de l’opinion publique acheva le tout. On parla alors de règlement de compte, d’assassinat, de viol, d’insulte, de provocation, de noyade et rien ne fut démenti. J’étais le seul à connaître la vérité. Le seul avec Woodshire qui se volatilisa cette même semaine.


    Brusquement je rouvris les yeux, ayant retenu ma respiration durant cette remémoration. J’inspirai un grand coup dans un sifflement, au bord de l’asphyxie et fis de mon mieux pour retrouver un rythme normal alors que mon cœur battait à la chamade dans ma poitrine. Helen Mary Iris Farway, morte le 09 août 2000 au Hyde Park, à Londres. Parfois son rire cristallin vient encore hanter mes rêves et je la vois m’échapper. Je la serre contre moi en déversant toutes les larmes de mon corps, ayant conscience que ce n’est qu’un rêve, qu’elle est morte, mais je ne veux pas me résoudre à la laisser partir. Puis je la sens s’effacer, Elle me coule entre les doigts et je me retrouve maculé de sang comme lors de ce neuf août au soir. Aujourd’hui cela fait deux ans qu’elle m’a quitté mais j’ai la ferme intention de la rejoindre si un monde parallèle existe véritablement après la mort. J’ai déjà fais le tour de ma vie et de celle des autres. J’ai connu les pires horreurs de la race humaine et je ne peux en accepter plus. Quoi qu’il arrive, je me meurs. Je le sens. Plus rien ne peut être comme avant, c’est une certitude. Helen, attend moi. Je veux connaître la Mort. Rien de tout ça n’aurait du arriver. Pardonne-moi ma chérie.
    Je ramassai le livre, retirant délicatement la lame de rasoir qui me servait de marque-page. Mes parents avaient fait preuve de bonne volonté pour m’aider. On avait déménagé à New York pour fuir cet enfer mais rien n’y faisait. New-York est magnifique mais je suis trop brisé pour le voir. Le froid m’emportait doucement et j’eus le temps d’enfoncer posément la lame dans mon avant bras pour m’infliger ce que je considérais comme la signature de ma vie.


    •••


    Je dus perdre connaissance rapidement alors que mon frère me découvrait, horrifié. Je fus sauvé à quelques secondes près et à mon réveil à l’hôpital, je sus que tout était fini. Une partie de moi avait rejoint Helen. Une partie de moi était morte, balayé par un vent puissant : le zéphyr. A vingt-six je ne porte plus de traces de cet évènement hormis deux légères traces blanches sur les poignets qu’il faut réellement chercher pour les deviner. La douceur extrême qui m’habitait à céder la place à un cynisme sans égal et mon arrogance peut provoquer des envies de meurtres mais je suis bien vivant.
    Le livre que je lisais ce jour là ? La morte amoureuse. Oui, j'ai toujours eu le sens du détail.
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